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Ali avait sa droite prête pour un
dernier coup mais ne l'a pas envoyé,
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comme pour ne pas
gâcher la beauté de la chute.
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À la fin d'un match,
on est tous confus.
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J'éprouve toujours
de la peine pour le vaincu,
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surtout quand on voit
quelqu'un de très fort
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se retrouver à terre.
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On voit George à la télé, maintenant,
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on sait que suite à ce K.0.,
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il est passé par
deux ans de dépression.
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Il a failli y rester.
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Il faut voir ce qu'il est devenu,
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comment il a reconstruit
sa personnalité.
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Il n'y a pas plus gentil
que George Foreman aux États-Unis.
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Il est devenu
une célébrité, là-bas.
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La mousson, les pluies africaines,
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sont arrivées
à la fin du match, si violentes
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que dans les vestiaires,
il y avait presque un mètre d'eau
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là où on était une heure avant.
Je n'avais jamais vu une telle pluie.
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À notre retour vers Kinshasa,
dans la nuit africaine
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après le match,
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sur le bord de la route,
la foule, debout sous la pluie,
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sautait de joie
parce que Ali avait gagné.
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On m'a dit
qu'il n'avait pas dormi de la nuit.
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Le matin, il a parlé à des
délégations africaines venues le voir
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venus l'adorer, tel un dieu.
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Ses paroles
ont été belles et simples.
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Il leur a dit :
"Nous, afro-américains, en Amérique,
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"nous ne vous valons pas
autant que vous.
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"Nous sommes parfois plus riches,
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"mais nous n'avons pas
votre dignité, dans la pauvreté.
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"Là-bas, nous sommes gâtés
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"nous avons perdu ce que vous avez
ici et que vous devez conserver."
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Il a été très doux. J'ai pensé
qu'il était un leader politique,
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qu'il allait faire
un grand leader politique.
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J'ai beaucoup à faire
dans les quartiers noirs,