:10:02
Soient frites ces langues ennuyeuses.
:10:07
En cervelle de chat qui hait pêcher,
:10:10
Noir et si vieil
qu'il n'ait dent en gencive,
:10:15
D'un vieil mâtin,
qui vaut bien aussi cher,
:10:18
Tout enragé en sa bave et salive,
En l'écume d'une mule poussive
:10:21
Détranchée menue à bons ciseaux,
En eau où rats plongent groins...
:10:25
et museaux,
Raines, crapauds et bêtes dangereuses,
:10:29
Serpents, lézards...
:10:33
et tels nobles oiseaux,
:10:37
Soient frites ces langues ennuyeuses..."
:10:44
Au Pérou. La ligne ferroviaire
longeant l'Urubamba,
:10:48
le fleuve du destin,
pour Kinski et moi-même.
:10:51
Je voulais reparcourir
:10:53
certains de nos chemins.
:10:55
Notre premier film, "Aguirre,
la colère de Dieu", commençait ici.
:11:01
C'était mon sixième film
et j'avais 28 ans.
:11:05
J'avais envoyé mon script à Kinski,
:11:07
et 2 jours plus tard,
le téléphone sonna, à 3 heures du matin.
:11:12
Au début, je n'entendais
:11:15
que des cris inarticulés
à l'autre bout de la ligne.
:11:20
C'était Kinski.
:11:21
Au bout d'une demi-heure environ,
j'ai fini par comprendre :
:11:26
Le scénario l'avait enchanté,
:11:29
et il voulait le rôle d'Aguirre.
:11:35
Lors du tournage
:11:37
d'"Aguirre",
on a dû affronter deux problèmes.
:11:40
D'abord, le budget.
:11:42
Je n'arrive pas à m'imaginer aujourd'hui
:11:46
qu'on ait pu tourner le film
avec seulement 370000 dollars.
:11:52
Personne ne voulait le financer,
:11:57
et pendant des années,
personne n'a voulu le voir.