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Ça a peut-être été le jour de tournage
le plus important de ma vie.
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Quand je suis enfin arrivé ici,
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il avait un brouillard épais,
c'était couvert de nuages,
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et il pleuvait à torrents.
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On ne voyait rien à plus de 30 mètres.
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Cette montagne avait complètement
disparu derrière des nuages gris.
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Et il régnait un chaos indescriptible.
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A cela venait s'ajouter
le problème "Kinski".
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Il était double.
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D'abord, Kinski réalisa
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qu'il serait à peine visible
dans ce décor,
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donc pas au centre de l'action.
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Il voulait être filmé de près,
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le visage méchant, à la tête de l'armée.
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Je lui expliquai qu'il n'était pas
le chef de l'expédition,
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que c'était Gonzalo Pizarro.
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C'était difficile,
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car il n'était pas
le centre d'intérêt de cette scène.
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Le second problème résidait
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dans notre profond désaccord
quant au paysage.
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Il voulait qu'on voie le Machu Picchu
en entier, avec son sommet.
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Un peu à la façon hollywoodienne,
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c'est-à-dire en exploitant
un très beau paysage pour l'image,
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comme en publicité
et pour les cartes postales.
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Moi je ne voulais filmer
qu'une partie du paysage,
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pour montrer tout le drame, la passion
et le pathétique de l'être humain.
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Il ne comprenait pas.
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Mais à mon avis c'était nécessaire.
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Il fallait un paysage
au caractère presque humain.