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En arrivant ici, Kinski était...
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quasiment épuisé
du tournage de "Nosferatu".
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On n'avait que 5 jours, ses cheveux
commençaient juste à repousser.
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Et il était d'une humeur étrange,
on le sentait fragile et sensible.
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Comment est-ce que tu le décrirais ?
Avec toi, il était différent.
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D'abord, un tel état d'épuisement
peut justement amener à se surpasser.
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Et je crois que c'était le comédien
le plus professionnel
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que j'aie jamais connu.
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Je pense qu'il était conscient
de cette fragilité, et qu'il l'a utilisée.
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Il l'avait en lui et pour Wozeck,
il était donc le comédien idéal,
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grâce à cet épuisement justement.
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J'avais un grand respect pour lui.
Mais c'était réciproque.
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Et j'étais impatiente de tourner
avec un acteur si fabuleux.
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Il me faisait penser
à une centrale électrique,
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à laquelle il suffit de se brancher
pour que ça fonctionne.
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Sais-tu combien de temps ça fait ?
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A la Pentecôte, ça fera 2 ans.
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Et combien de temps ça va encore durer ?
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Il faut que j'aille faire le dîner.
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Vous n'étiez pas qu'acteurs.
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- Il avait plus...
- Oui.
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Il avait comme une intuition.
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C'était un acteur extrêmement intuitif.
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Et moi aussi.
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Il a une scène dans "Wozeck"
où Wozeck dit à Marie :
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"Tes lèvres sont si belles.
Et aucune trace dessus."
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Le lendemain, après cette scène,
j'avais un bouton au milieu de la lèvre.
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Je n'avais pourtant jamais eu de bouton,
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et je n'en ai plus jamais eu après ça !