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Le Ministre de la Guerre,
le Chef d'Etat-Major
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et son assistant direct
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n'ont jamais douté
qu'Esterhazy
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ait été l'auteur
du fameux bordereau.
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Mais sa condamnation
aurait entraîné
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une révision du procès Dreyfus.
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Cela, l'Etat-Major
voulait l'éviter à tout prix!
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Voilà un an
que le Ministre de la Guerre
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et l'Etat-Major
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savent que Dreyfus
est innocent.
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Et ils ont gardé le silence!
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Ces hommes-là
dorment paisiblement.
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Ils aiment leurs femmes
et leurs enfants.
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On parle de l'honneur de l'Armée!
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L'armée, c'est le peuple de France.
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Et l'affaire Dreyfus
est du ressort de cette Armée.
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Dreyfus ne peut être innocenté
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qu'en condamnant
tout l'Etat-Major.
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Voilà pourquoi l'Etat-Major
a disculpé Esterhazy.
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En détruisant Dreyfus de nouveau.
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Telle est, Monsieur le Président,
la simple vérité.
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C'est une vérité effrayante!
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Mais j'affirme avec conviction
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que la vérité est en marche
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et que rien ne l'arrêtera.
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M. Le Président,
j'accuse le Colonel Dort
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d'en avoir été
l'instigateur diabolique
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parachevant son uvre néfaste
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par des machinations
révoltantes.
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J'accuse le Ministre
de la Guerre
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d'avoir caché des preuves
innocentant Dreyfus.
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J'accuse le Chef d'Etat-Major
et son assistant
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de s'être rendus complices
du même crime.
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J'accuse le Gouverneur
Militaire de Paris
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de la plus monstrueuse
partialité.
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J'accuse
le Ministère de la Guerre
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d'avoir mené
une campagne fallacieuse
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aux fins d'abuser
l'opinion publique.
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J'accuse le Tribunal Militaire
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d'avoir violé
les Droits de l'Homme