:04:12
J'ai calculé. Il y a 18 h de route,
on peut se relayer 6 fois, toutes les 3 h.
:04:17
Ou alors,
on se partage le trajet par kilomètres.
:04:21
Il y a...
Il y a une carte au-dessus de la visière,
:04:25
j'ai noté dessus les endroits
où on peut se relayer.
:04:28
Un peu de raisin ?
:04:30
Non.
Je ne mange pas entre les repas.
:04:37
Je vais ouvrir la fenêtre.
:04:47
Si tu me racontais ta vie ?
:04:51
- Ma vie ?
- On a 18 h avant d'arriver à New York.
:04:56
J'aurai fini avant qu'on quitte Chicago.
Il m'est encore rien arrivé.
:04:59
- Jusqu'ici.
- Il va t'arriver des trucs ?
:05:02
- Oui.
- Comme quoi ?
:05:04
Comme aller à l'école de journalisme.
:05:06
Pour écrire les histoires
qui arrivent aux autres.
:05:10
- Si on veut.
- Imagine qu'il t'arrive rien.
:05:13
Que tu rencontres personne,
que tu deviennes rien,
:05:17
que tu meures sans qu'on le remarque
jusqu'à ce que ça empeste le couloir.
:05:24
- Selon Amanda, t'es un angoissé.
- C'est ça qui l'a séduite.
:05:28
- Tes angoisses ?
- Ouais. T'en as pas, toi ?
:05:31
Je parie que tu mets
des petits curs sur tes "i".
:05:35
J'ai des angoisses, comme tout le monde.
:05:37
Oui ? Moi, je commence toujours
un livre par la dernière page.
:05:41
Comme ça, si je meurs, je connais la fin.
:05:44
C'est ça, ma chère, être angoissé.
:05:46
Ça te rend pas plus intelligent.
Oui, je suis heureuse de nature.
:05:51
- Moi aussi.
- C'est pas honteux.
:05:53
Si, ça t'occupe trop. Tu penses à la mort ?
:05:56
- Oui.
- C'est ça. Une pensée fugace
:05:59
qui s'évanouit aussitôt.
Moi, j'y passe des journées.