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J'ai comme l'impression d'être
collée à un mur par un camion
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Tout mon corps me crie :
'' Cours ! '',
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mais rien à faire.
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je me débats, je piétine,
je cours, je saute, je m'acharne
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mais je ne fais que m'enfoncer.
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Quelque part dans ma tête,
je crois bouger.
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Quelque part, en fait, je cours.
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Quelque part, en moi,
je suis tranquille.
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Calme. Morte.
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Mon âme ne s'élève pas.
Ni mon esprit.
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Mais je cours.
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Je traverse l'univers,
tel un derviche tournant sans fin,
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sans dessein,
sans vie à vivre. Et pourtant,
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je veux atteindre cet endroit
où je pourrai courir, libre.
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Ces deux mots sont incompatibles
dans la réalité.
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Courir.
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Libre.
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Je suis collée au mur
par un camion.
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Cours, libère-toi... ça semble dur,
et pourtant ça serait si facile.
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Demi-tour, va-t'en,
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libère-toi de toutes ces attaches,
de tous ces liens.
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lnvente-toi des excuses, comme si
elles avaient toujours existé.
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C'est l'ordre naturel des choses,
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à ton esprit intelligent
de l'appréhender.
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De te protéger
contre ce qui ne te menace plus.
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Moi, je crois.
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Comme une prêcheuse
en transe,
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je sermonnerai
là-haut sur la montagne,
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dans 20 langues différentes,
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plongeant dans 20 000 pieds
d'eau bénite.
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Je crois, comme mon frère
truffé de balles,
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se vidant de son sang dans un
dernier souffle, une dernière prière
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peut-être la première, si vraie,
dans l'espoir de sauver sa peau.
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Dieu n'existe pas dans le désespoir,
l'espoir est mort
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quelque part dans le caniveau,
au coin de la rue, sous les pieds
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d'une pute attendant sa prochaine
passe, en suçant une bite.
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J'ai 2 minutes,
2 putains de minutes,
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avant de m'enfuir ou de mourir.