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Cette conception fordienne
de l'aliénation
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est à l'opposé de celle
de la critique sociale
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pour qui l'aliénation
était fatalement destructrice.
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Ford dénonçait
depuis le début des années 30
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les travers de ses concitoyens,
vils et décérébrés, comme Gypo.
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Citons par exemple Deux Femmes
et Toute la ville en parle.
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Mais dans ce Dublin
brisé par l'occupation,
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l'être humain atteint
un degré de bassesse
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jamais montré à l'écran.
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L'épilogue avait été critiqué.
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Gypo se rend à l'église
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comme le personnage
de L'Aurore
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dont Murnau avait lesté
les chaussures de plomb.
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Le fracas des portes,
la lumière vive, la chute de Gypo,
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autant de signes que Dieu
est le seul espoir restant.
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Si Gypo peut obtenir le pardon,
l'espoir est permis pour tous.
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Ford avait également songé
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à faire mourir Gypo
seul sur les docks.
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Mais cette fin religieuse,
disait-il,
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s'accordait mieux
avec le mysticisme irlandais.
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Malgré le succès du Mouchard,
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Ford doutait
qu'il fît des émules,
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comme il le dit
à Emanuel Eisenberg:
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"L'espoir ïune veine de films
sociaux ou tout bonnement honnêtes
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"me semble condamné."
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"Ainsi, dit Eisenberg, vous estimez
de votre devoir de réalisateur
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"de dénoncer dans vos films
ce qui vous dérange?"